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Est-ce que tu sais écrire ? Non, pourquoi ? J’ai composé un grand poème. J’ai tout composé, mais je n’ai rien écrit. J’ai besoin de quelqu’un pour écrire ce que je sais. Comment t’appelles-tu ? De quoi parle ton poème ? Il parle de toi. De moi ? . Oui. Il raconte l’histoire de ta race, comment tes ancêtres sont nés, comment ils ont grandi, comment se déroula une très vaste guerre. C’est le grand poème du monde. Si tu l’écoutes attentivement, à la fin tu seras un autre, car c’est une histoire pure et totale, qui efface les fautes, qui avive l’intelligence et qui donne une longue vie. Qui est-ce ? Là ? Un personnage apparaît, qui marche en se dandinant et porte une tête d’éléphant sur un corps d’homme. Il tient à la main de quoi écrire, et un gros livre. Vyasa le salue. C’est Sois le bienvenu. Tu es Ganesha ? Oui, c’est moi. Tu ne me reconnais pas ? Que veux-tu ? J’ai entendu dire qu’on cherchait un scribe pour le grand poème du monde. Eh bien me voici. Tu es vraiment Ganesha ? Ne te l’ai-je pas déjà dit ? Pourquoi tu as une tête d’éléphant ? Tu ne le sais pas ? Non. Si je dois aussi raconter ma vie, nous n’aurons jamais fini. Je t’en prie. Soit. Je suis le fils de Parvati, l’épouse de Shiva. L’épouse du grand dieu Shiva ? Lui-même. Mais Shiva n’est pas mon père. Ma mère m’a créé toute seule. Comment elle a fait ? C’est assez compliqué. Il faut une terre spéciale, du safran, de la rosée. Bref, j’étais à ma naissance un superbe garçon, à peu près de ton âge, et ma mère me dit un jour de garder la porte de la maison, de ne laisser entrer personne, car elle désirait prendre un bain. Alors Shiva survint. Il voulut entrer dans la maison, dans sa maison, et moi je lui barrai le passage. Shiva ne me connaissait pas – je venais de naître –, il me dit : Je t’ordonne de me laisser entrer ! Écarte-toi ! Je suis ici chez moi ! Et moi je lui répondis : Ma mère m’a demandé de ne laisser entrer personne, personne n’entrera ! Shiva, furieux, convoqua ses troupes féroces, il leur commanda de me déloger, mais je les dispersai, je les écrasai, j’éclatais d’une force surnaturelle ! Même les hordes de démons échouaient à forcer le passage. Je défendais ma mère. Shiva ne put me vaincre que par ruse. Il se glissa derrière moi et subitement me coupa la tête. Alors ma mère, possédée de fureur, menaça de détruire toutes les forces du ciel. Shiva, vite, pour l’apaiser, ordonna de me fixer la tête de la première créature à s’avancer sur le chemin. C’était un éléphant. Voilà, je suis maintenant Ganesha, celui qui calme les querelles. Il prend place soigneusement et dit à Vyasa : Je suis prêt, tu peux commencer, mais je te préviens : ma main ne peut pas s’arrêter pendant que j’écris. Tu dois dicter sans une hésitation, sans un arrêt. De ton côté, avant d’écrire, tu dois d’abord comprendre le sens de ce que je dis. Compte sur moi. Le silence s’installe et dure quelques instants. Nous attendons quelqu’un ? Non. Eh bien ? Les commencements sont souvent secrets. Je ne sais que dire au début. Puis-je te faire une suggestion ? Je t’en prie. Comme tu dis être l’auteur de ce poème, si tu commençais par toi-même ? Soit. Un roi qui chassait dans une forêt s’endormit. Il rêva de sa femme et son sperme jaillit. Ça commence très bien. Quand le roi se réveilla et qu’il vit ce sperme sur une feuille, il appela un faucon et lui dit : Porte vite mon sperme à la reine. Mais le faucon fut attaqué par un autre faucon, le sperme tomba dans un fleuve, un poisson l’avala. Quelques mois plus tard, un pêcheur ramena ce poisson, il l’ouvrit et trouva dans son ventre une toute petite fille, qu’il appela Satyavati. Elle grandit, elle devint très belle, mais par malheur elle dégageait une épouvantable odeur de poisson. Elle restait triste et inabordable. Un jour elle rencontra un ermite vagabond qui lui dit : Tu me plais, faisons l’amour, ici, tout de suite, et de ton odeur repoussante je ferai, je te le promets, le plus enchanteur des parfums. Elle s’écria : Pas maintenant ! Ici, au grand jour, je ne peux pas ! Alors l’ermite fit naître un épais brouillard qui engloutit le fleuve et la campagne, ils allèrent jusque dans une île, Satyavati s’ouvrit à l’ermite et son odeur, tout à coup, fut irrésistible. Ils eurent un fils ? Je suis émerveillé, lui dit-il. Mon souffle s’est arrêté à ta vue. Qui que tu sois, femme des abîmes ou du ciel, suis-moi. Je t’offre mon royaume, mes richesses et ma vie. Acceptes-tu mes conditions ? Oui ! Dis-moi lesquelles. Tu ne me demanderas jamais rien, tu ne t’opposeras jamais à ce que je ferai, que cela te paraisse bien ou mal, tu ne te montreras ni curieux ni courroucé, tu ne me poseras aucune question, sous peine de me voir te quitter aussitôt. J’accepte. Viens. Je viens. Ils vécurent une année d’amour extrême. Un enfant naquit, sa mère l’enveloppa d’un morceau de tissu, lui cria : Je t’aime ! Et le lança en riant dans l’eau du fleuve. Pas de question ! se dit Santanu, je ne dois poser aucune question ! L’année suivante elle eut un autre enfant, elle lui cria : Je t’aime ! Et le noya. Pas de question ! se disait Santanu. Et ainsi de suite, pendant sept ans. La huitième année, un huitième enfant naquit. Je t’aime ! Ganga se dispose à noyer son huitième Santanu, n’y tenant plus, intervient : Arrête-toi ! Arrête ! Pourquoi ces meurtres ? Pourquoi détruis-tu ces enfants ? Pourquoi ? Je suis Ganga, je suis la déesse du fleuve. Ces enfants, je ne les ai pas tués, je les ai délivrés. Ils étaient comme moi d’origine divine, mais condamnés à renaître parmi les humains, et à mourir. J’ai accepté de les libérer et voilà pourquoi je riais. Maintenant je m’en vais. Ce huitième enfant s’appellera Bhishma, il sera invincible et infaillible. Adieu. Et la déesse disparut. Que devint l’enfant ? Elle l’emporta. Le monde connut alors vingt ans de bonheur. Le roi Santanu gouvernait avec une âme égale tous les êtres. Ce fut un âge d’or, sans guerre, sans misère. Un matin, après vingt années, comme il marchait le long du fleuve, il vit soudain l’eau bouillonner. Un jeune homme surgit, brillant, superbe et tout armé. Bhishma ? Oui. Santanu reconnut son fils. Il appela la déesse : Ganga ! Ganga ! Elle se montra, jaillissant de l’eau. La déesse se montre et dit à Santanu : Voici Bhishma, ton huitième fils. Je l’ai élevé, je lui ai tout appris, son savoir égale son énergie. Prends-le maintenant, je te le donne. Santanu revint au palais avec son fils. Tous l’admiraient et voyaient en lui leur futur roi, un prodige de roi. Mais un autre jour, comme le roi Santanu revenait mélancoliquement auprès du fleuve – il y revenait presque tous les jours – l’air s’emplit soudain d’une odeur captivante. Le roi suivit cette odeur et aperçut une femme exquise. Santanu rencontre une autre femme. Qui es-tu ? Je suis Satyavati, la fille du roi des pêcheurs. Satyavati ? Ta mère ? Oui, ma mère. Ta mère va jouer un rôle dans ton histoire ? Et pourquoi pas ? En effet, pourquoi pas. Continue. Alors Santanu mit un genou à terre et dit à la femme odorante : Vyasa met un genou à terre et s’adresse à la femme : Depuis des années je suis veuf, j’ai contrôlé mon cœur, j’ai pris soin de mon peuple. Aujourd’hui je suis envahi par ton parfum, il me soûle, il m’enchaîne, il coule dans mon sang. Satyavati, sois mon épouse. Tu dois demander ma main à mon père. Le roi des pêcheurs apparaît à ce moment-là. ROI DES PÊCHEURS. Santanu, il ne fait aucun doute que ma fille doit se marier, et que tu es digne d’elle. Mais pour te la donner, j’exige une promesse : l’enfant que vous aurez, après toi, sera roi. Je ne peux pas, répondit Santanu, j’ai déjà un fils, un fils parfait, il est jeune, il est fort, il est le futur roi. ROI DES PÊCHEURS. Alors adieu, regagne ton palais, oublie ma fille. Le roi des pêcheurs et Satyavati s’écartent. Bhishma les retient.