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Croissance depuis le XIXème siècle François Perroux a donné la définition la plus appropriée de la croissance lorsqu’il a dit qu’elle était l’augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues du produit global en terme réel. Le développement est plus large que la croissance: il englobe également la question des mentalités, des structures sociales etc… Comment interpréter la croissance moderne? A. Les « faits stylisés » selon Kaldor et Romer Rostow et Maddison parlent « d’impression statistique d’immobilité » pour parler des sociétés anciennes. Les périodes de croissance sont régulièrement interrompues par de fortes vagues de récession et elles ne sont pas suivies par une hausse du niveau de vie. Mais alors quelles sont les particularités de la croissance moderne? Quels sont les verrous qui ont sauté au XVIIIe, notamment en Grande-Bretagne? Les faits stylisés sont le portrait robot de la croissance moderne. Il s’agit d’une approche empirique pour souligner les caractéristiques de la croissance. Selon Kaldor, (1961) elle est caractérisée par la hausse de la productivité du travail et d’une hausse de l’intensité capitalistique. Le rapport entre la production et le capital mit en oeuvre est stable dans le temps. Les économies à l’échelle mondiale ont gagné en productivité, c’est l’inverse des rendements décroissants: on a eu une amélioration quantitative et qualitative du capital. La répartition de la valeur ajoutée entre profit et salaire est assez stable (30/70). Finalement, le taux de croissance est inégal partout. Malgré tout, deux mécanismes clés ressortent: la productivité du travail et l’accumulation du capital. Romer complète ces faits stylisés en 1989, économiste distingué par le prix Nobel, a révolutionné la théorie de la croissance économique en mettant l'accent sur le rôle central de l'innovation et des idées dans le développement à long terme. Sa théorie de la croissance endogène soutient que les investissements dans le capital humain et la recherche, ainsi qu'un environnement institutionnel propice à l'innovation, sont essentiels pour stimuler une croissance économique soutenue. Par ailleurs pour lui, le taux de croissance n’est pas corrélé au niveau de revenu par habitant. À l’inverse, la croissance de la population est corrélée négativement avec le niveau de revenu par tête. La croissance éco et le développement du commerce international sont corrélés positivement. La hausse du stock de capital n’explique pas totalement la croissance de la production. B. Les révolutions industrielles: mécanismes de transformation éco Une révolution lente ou brutale? La première débute en 1770 et s’épuise à la fin du XIXe. La deuxième débute en 1870 jusqu’à la fin du XXe siècle. La troisième débute à partir des années 1960. Au sein d’une RI, il y a plusieurs vagues selon Schumpeter (cycles). Une révolution industrielle est un processus de long terme marqué par des transformations structurelles (de l’éco, de la société, des mentalités) et par l’augmentation des taux de croissance. C’est la première RI qui sert de modèle aux analyses économiques. Phyllis Deane analyse celle-ci en 1979 et en déduit que c’est l’utilisation du progrès technique, accompagné de l’extension et de la spécialisation des marchés nationaux et internationaux qui ont permis ces transformations de la société. On a également le développement des villes et un passage au factory system. On accumule le capital technique et la formation de classes sociales nouvelles qui ne sont plus liées à la terre mais au capital. On a donc un bouleversement de la structure sociale. On se demande alors si la RI est brutale et violente ou si c’est plutôt un phénomène progressif. On a l’impression selon Paul Mantoux que c’est brutal, il parle du passage du domestic system à celui du factory. Il y a alors pour lui une rupture décisive dans les systèmes de production avec la naissance de la grande industrie. La révolution énergétique et la mécanisation liée à la naissance d’un marché du travail conduisent à développer le factory system. David S. Landes parle dans l’Europe technicienne ou le Prométhée libéré de l’européen comme libéré par la machine, c’est la force mécanique qui se substitue à la force physique. Malgré tout, dès la fin du XIXe, les économistes changent d’avis, voir Pierre Verley, Le bel avenir de la croissance, 1978. Il insiste sur le maintien durable du domestic system et sur l’essaimage très progressif de la machine à vapeur. Il faut en réalité une trentaine d’années pour que les entreprises s’équipent de celle-ci. Selon Verley, on ne peut déceler une date précise de décollage économique, c’est plutôt un processus diffus, il n’y a pas statistiquement de rupture. 2. Le rôle des institutions Certains économistes insistent sur le rôle des institutions dans les RI, on a des institutions qui accompagnent et aident les modifications des structures. Par institutions on entend les États, les mairies, le marché, les banques centrales, et même peut être les entreprises. Le premier institutionnaliste c’est Veblen, il écrit dans les années 1900/10. Il reprochait aux néoclassiques de considérer les institutions comme des facteurs exogènes, pour lui elles étaient endogènes. Il y a un retour de la pensée institutionnaliste à partir des années 80. Polanyi dès 1934 dans La Grande Transformation fait le lien entre la première RI et l’économie de marché. Pour lui, la diffusion de l’économie de marché est un phénomène de long terme qui commence à la fin du Moyen-Âge en Europe avec une monétisation progressive des transactions, la lente naissance d’un système bancaire (cités italiennes puis Grande Bretagne). Petit à petit des institutions marchandes sont mises en place en Europe et qui se perfectionnent entre le XVe et le XVIIe siècle. En même temps, on a la naissance d’un marché du travail fin XVIII-début XIXe. Pour Polanyi, le factory system est impossible sans la naissance de ce marché du travail. Les institutions sont donc marquées par des mouvements longs qui préparent et accompagnent les RI. Selon lui, en Angleterre, on a la mise en place d’institutions politiques et économiques qui permettent un cadre favorable aux affaires à la fin du XIXe: On a des institutions financières assez tôt très performantes, La monarchie constitutionnelle, Habeas corpus, Les législations sur les brevets. Tous ces facteurs permettent le développement de l’économie de marché. Ces institutions ont permis une accumulation du capital pendant plusieurs siècles et notamment en Europe. Depuis les années 80, pour North, les institutions sont la source de l’investissement et de la croissance elles sont « la clé de la performance des économies ». Pour lui, les institutions impactent le coût de transaction/production. Dans les sociétés anciennes, les coûts de production sont élevés et les coûts de transaction faibles, on a une rigidité de l’offre etc… Dans les sociétés développées les coûts de production sont plus faibles car les révolutions industrielles apportent la production de masse et les coûts de transaction sont plus élevés avec les échanges marchands. Ce qui expliquerait la première RI c’est la mise en place d’institutions efficaces qui favorisent la baisse des coûts de production, la maîtrise des coûts de transaction et la mise en place d’institutions stables et reconnues par les agents. Il insiste notamment sur les systèmes juridiques. Rosenberg dans les années 80 montre que la croissance européenne est due à des transformations institutionnelles qui favorisent l’accumulation du capital comme la fiscalité moderne. Il explique que l’incertitude est notre premier ennemi, alors la mise en place d’une fiscalité régulière et moins arbitraire permet d’anticiper l’impôt. Ces transformations institutionnelles vont se combiner à l’esprit scientifique et des avancées techniques. La science seule n’explique pas les innovations selon lui, elle doit être reliée à des mentalités et des institutions. Il y a aussi des institutions internationales comme l’Union Européenne avec des projets comme Europe 2020 pour concurrencer avec les USA en stimulant la recherche pour atteindre un niveau de R&D de 3% du PIB (comme USA et Japon) dans notamment l’IA et l’environnement (cf. Europe 2A). C. Les étapes de la croissance économique