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LES DEUX AMIS – LECTURE LINÉAIRE Vers 1 à 4 : le fabuliste introduit le thème de l’amitié idéale -Cette fable s’ouvre de manière classique en présentant les personnages : « Deux vrais amis vivaient au Monomotapa » (v.1). - Ce toponyme, « Monomotapa » renvoie à un royaume fabuleux d’Afrique austral, synonyme d’Eldorado. Il place d’emblée la fable dans le domaine du merveilleux. -L’imparfait de narration (« vivaient », « possédaient ») renvoie également ce récit dans un passé passé tout aussi fabuleux. - Ce cadre spatio-temporel idéal justifie la perfection morale des personnages. - La parfaite harmonie de l’amitié des deux personnages est exprimée par l’allitération en [v] : « vrais amis vivaient ». - Le chiasme (structure ABBA) au vers 2 « L’un ne possédait rien qui n’appartînt à l’autre » rend compte de la perfection de cette amitié : elle repose sur une réciprocité exemplaire de leur relation. -Aux deux vers suivants, le fabuliste établie une comparaison entre « Les amis de ce pays là » et « ceux du nôtre », pour montrer qu’ils sont tous aussi vertueux (« valent bien »). Mais la tournure indéfinie « dit-on » met en doute cette équivalence ». -Le récit de la fable va justement illustrer ce qu’est une amitié parfaite. Vers 5 à 10 : Un homme s’éveille et accourt auprès de son ami -Les vers 5 et 6 mettent en place le cadre du récit : celui d’ »une nuit » fraîche où dorment les deux amis. La rime « sommeil/soleil », par son antithèse, insiste sur l’importance du repos nocturne. -Cependant, au vers 7, survient l’évènement modificateur : « Un de nos deux Amis sort du lit en alarme ». L’absence de ponctuation le passage au présent de l’indicatif et la brièveté des mots accentuent le sentiment d’urgence. -Le lecteur ignore la raison de ce réveil soudain, ce qui crée chez lui un effet d’attente participant au plaisir de la lecture. -Au vers 8, l’ami réveillé « court chez son intime, éveille les valets ». La présence des Valets souligne que la perfection morale est ici synonyme d’élévation sociale : les personnages sont nobles. -La référence précieuse à Morphée (métaphore du sommeil) enveloppe également ces deux amis dans une noblesse raffinée : « Morphée avait touché le seuil de ce palais ». -Au vers 10, « L’Ami couché s’étonne, il prend sa bourse, il s’arme » : ce vers témoigne d’une autre caractéristique de la noblesse : le courage. En effet, la combativité de l’Ami est exprimée par la gradation ternaire (s’étonne/prend/s’arme). -Notons également la qualité des rimes embrassées de ce quatrain, toutes riches (alarme/Valet/palais/s’arme) qui renforce l’impression de noblesse qui entoure ces deux personnages. Vers 11 à 23 : la réciprocité de l’amitié Vers 11 à 18 : l’ami réveillé fait preuve d’amitié -L’ami soudainement réveillé prend la parole au vers 11, et s’inquiète de la présence de son ami, ce qui démontre sa courtoisie : « Il vous arrive peu/De courir quand on dort ». - Cette courtoisie transparaît également dans le compliment philosophique sur la bonne manière d’« user du temps » (vers12-13). -Au vers 14, l’ami fait une hypothèse adoucie par une tournure négative : « N’auriez-vous point perdu tout votre argent au jeu ? ». -A cette question, plein de prévenances, succèdent le don d’argent (« En voici. »). La parole est suivie de l’acte qui lui correspond, cohérence propre à une parfaite amitié. -On note également le vouvoiement respectueux, alors même que les deux personnages sont amis intimes. -L’ami est près à se battre pour sauver son ami, hâte exprimée par l’impératif « allons ». -Il s’inquiète de la solitude de son ami, et lui propose de jouir des charmes de l’une de ses esclaves (vers 16-18). -Les trois enjambements (vers 14-15, vers 15-16, vers 16-17)restituent la rapidité avec laquelle l’ami cherche à satisfaire celui qui accourut auprès de lui. Vers 19 à 23 : l’ami avait accourut après un mauvais songe -L’ami qui accourut rejette cependant toutes ces propositions. Ce refus accroît l’effet d’attente du lecteur, qui n’a toujours pas les clé pour comprendre la situation. -L’ami accourut exprime toutefois sa reconnaissance, comme ne témoignent les expressions à connotations religieuse « rendre grâce » et « zèle ».L’amitié est comme une religion que les amis pratiquent avec ferveur. -L’explication apparaît enfin aux vers 21-23 : « un maudit songe […] est la cause » de cette situation. -En effet, l’ami « accouru » vit en songe son ami »un peu triste apparu ». La locution adverbiale « un peu » est une litote : celui qui a fait le cauchemar use d’une tournure d’atténuation pour ne pas inquiéter son ami. Vers 24 à 31 : Une réflexion sur l’amitié adressée au lecteur -Le fabuliste prend alors le relais de ses personnages, et apostrophe directement le lecteur : « Qui d’eux aimait le mieux, que t’en semble, Lecteur ? »(vers24). -Le lecteur est invité à réfléchir à partir de cet apologue, dont la vocation est de plaire et d’instruire (placere et docere) -La question est apparenté à une « difficulté » que le fabuliste « propose » (vers 25), témoignant ainsi que cette fable se veut le support de débat, dans les salons littéraires notamment. -A partir du vers 26, la fable s’achève sur une éloge de l’amitié. -L’anaphore en « Il » aux vers 27 et 28 met en relief la valeur inestimable de « l’ami véritable », être rare et cher. -Le présent de vérité général exprime la fidélité de cet ami parfait : « Il cherche vos besoins », « Il vous épargne la douleur ». -La rime finale « vous-même/aime » symbolise l’union parfaite de deux amis. CONCLUSION : -La fable « Les deux Amis » s’inscrit dans un univers idéal pour mieux faire l’éloge d’une amitié parfaite. -A travers cette fable, La Fontaine dresse un miroir où la société de son temps peut interroger ses valeurs et ses vertus, et se demander : une telle amitié existe-t-elle parmi nous ? -Bine qu’il ne cite pas Montaigne, La Fontaine s’est certainement inspiré du chapitre « De l’Amitié » des Essaies dans lequel Montaigne fait l’éloge de l’amitié qui l’unissait à La Boétie (écrivain du 16°s).