Download Free Audio of Le MAC remporte donc un certain nombre de victoire... - Woord

Read Aloud the Text Content

This audio was created by Woord's Text to Speech service by content creators from all around the world.


Text Content or SSML code:

Le MAC remporte donc un certain nombre de victoires qu'il n'aurait peut-être pas obtenues sans cette nouvelle sensibilité de l'opinion publique : déclaration anticultes de l'Association nationale des parents d'élèves, programmes éducatifs sur les dangers des cultes, non-reconnaissance par les instances officielles des programmes d'enseignement de l'Eglise de l'unification. Mais les nombreux projets de lois anticultes n'aboutissent pas. Cela faillit pourtant être le cas dans l'État de New York où seul le veto du gouverneur empêcha l'adoption d'une loi légalisant de fait les pratiques de « déprogrammation ». O QUEL IMPACT ? L'explosion des NMR a réouvert le débat sur la sécularisation, que les sociologues pensaient clos. Certes, aux Etats-Unis, la sécularisation ne signifiait pas une éviction de la religion de la sphère publique comme c'est le cas en France. Elle ne signifiait pas non plus un effondrement de la pratique, avant tout garante de respectabilité sociale. Mais les motifs religieux traditionnels — croyance au péché, au surnaturel, etc. — s'étaient effrités et la « tradition biblique » avait perdu presque toute sa vigueur. Parallèlement, les théologies qui avaient le vent en poupe dans les années 1960 proclamaient la « mort de Dieu », et les grandes Eglises avaient largement adopté les différentes formes de la rationalité moderne (organisationnelle et scientifique). Selon à peu près tous les auteurs, on était définitivement entré dans une « ère post-chrétienne », le « sacré s'était éclipsé ». Deux ou trois années plus tard, parfois moins, la majorité des observateurs, avec des thèses diverses, reviennent sur le postulat de l'effacement inéluctable de la religion dans les sociétés modernes. Certains ne se limitent pas à voir dans les NMR un revival stimulant des remises en cause théoriques, mais concluent hâtivement à la « sécularisation impossible » des sociétés. Starck a, lui, tenté de vérifier empiriquement cette hypothèse en observant comment plusieurs groupes orientés au départ par des préoccupations thérapeutiques se sont transformés en groupes religieux (c'est notamment le cas de Synanon, devenu l'Eglise de Scientologie)1. Multipliant avec son collègue Bainbridge les observations empiriques sur les nouveaux groupes, il constate que ceux-ci fleurissent là où les organisations religieuses traditionnelles sont faibles. La diminution du nombre des membres des Eglises ne signifie donc pas montée de l'athéisme et de l'agnosticisme, mais augmentation du nombre des unchurched, des croyants sans Eglise, qui aspirent en fait à un renouveau religieux. C'est pourquoi la sécularisation est un « processus auto-limité » qui produit sans cesse des renouveaux2. D'autres auteurs développent l'idée que les NMR expriment un type de religiosité compatible, voire en affinité avec la société moderne, société sécularisée en ce sens que la religion est reléguée dans la sphère privée, mais non pas société a-religieuse. Cette religion d'un nouveau type possède nombre de traits en affinité avec la société la plus contemporaine : individualisme, combinaison de Puniversalisme et de la tolérance, valorisation des nouvelles rationalités scientifiques (mais, en revanche, absolument pas de la technique), importance majeure du ressenti affectif personnel (il s'agit là d'un « idéal-type » des groupes « modernes-progressistes ») 3. Parmi ceux qui refusent de voir dans les NMR le signe d'un renouveau religieux remettant en cause la sécularisation des sociétés modernes, c'est B.R. Wilson qui a développé la vision la plus cohérente. Pour lui, les actuels NMR sont orientés par des projets purement intra-mondains de bienêtre personnel, et ils ne mettent pas en jeu de façon réellement structurante la référence au surnaturel. Ils ne développent pas non plus de dimension prophétique leur donnant une potentialité de transformation sociale. Aux yeux de B.R. Wilson, ils ne sont donc pas de véritables religions ; ils banalisent au contraire celle-ci, faisant ainsi la démonstration que la religion est devenu inconséquente dans les sociétés occidentales. En ce sens, ils représentent une confirmation du processus de sécularisation4. Ces divergences tiennent essentiellement à des définitions différentes de la religion1. Mais dans les années 1970 tous les observateurs s'accordent à voir dans les NMR un phénomène d'ampleur considérable. Les estimations des sociologues et des instituts de sondage sur les jeunes entre 21 et 35 ans qui ont eu un contact, plus ou moins fort, avec les NMR d'origine ou d'inspiration orientale, varient entre 4 % et 12 %. Entre 35 % et 50 % de cette tranche d'âge a une attitude favorable à l'égard des nouvelles religions, notamment du zen, du bouddhisme tibétain et du yoga2. Le recrutement de tous ces groupes ne touche plus seulement des jeunes mais des personnes de tous les âges. Si le succès des nouveaux groupes évangcliques s'avère, au terme de la décennie 1970, moins marqué, c'est qu'ils ont eu tendance à se fondre dans les courants évangéliques et fondamentalistes plus anciens qui se sont prodigieusement accrus et qui de plus déploient souvent une grande activité socio-politique. Sur ce point, en ce qui concerne les groupes d'inspiration orientale, tous les sociologues ne les considèrent pas comme « narcissiques », comme dépourvus de tout impact en matière de transformation des structures économiques ou politiques : certains pensent que leur rôle d'expérimentation sociale des voies alternatives peut n'être pas sans portée. Ce débat sur la sécularisation et sur la puissance de transformation des NMR a été tranché dans la réalité : par l'arrêt de la turbulence religieuse 3. Celle-ci aura duré une quinzaine d'années (approximativement de 1968 à 1983). Depuis cinq ou six ans, s'il n'y a pas eu déclin des nouveaux groupes, il y a stabilisation. Les NMR en tant que tels ne constituent plus vraiment une question sociale et sociologique spécifique. L'opposition entre courants conservateurs (associant nouveaux et anciens groupes) et courants « modernes-progressistes » occupe désormais seule le devant de la scène socioreligieuse. On peut maintenant d'autant mieux avoir une bonne mesure de l'impact social des NMR. Pour n'avoir pas infléchi de façon décisive le cours de la société américaine, ils ont néanmoins été très importants. Ils ont constitué à la fois une réponse au changement social et une manière d'y contribuer en inventant de nouvelles significations et de nouvelles sociabilités. Ils ont aussi été de formidables analyseurs exprimant, de façon souvent exacerbée, tous les conflits sociaux. Notamment, par le recours typiquement américain aux procès en justice, ils ont posé à la société américaine le problème de sa définition de la liberté, de la normalité et de la déviance sociales, des rapports des Eglises et de l'Etat. Ils laissent aussi une situation de pluralisme religieux complexifié, étendu à des religions non chrétiennes