Download Free Audio of Le judaïsme est souvent perçu comme une religion... - Woord

Read Aloud the Text Content

This audio was created by Woord's Text to Speech service by content creators from all around the world.


Text Content or SSML code:

Le judaïsme est souvent perçu comme une religion qui se pratique entre quatre murs, que ce soit à la synagogue ou à la maison. On a tendance à penser que les Juifs observants passent toujours plus de temps dans les livres que sous le soleil. C’est souvent vrai. Néanmoins le rapport à la nature, comme témoignage de la présence divine, existe fortement dans le judaïsme. Le fameux rabbin Na’hman de Breslev s’imposait de marcher quotidiennement dans une forêt en priant. La fête de Souccoth (fête des « Cabanes ») constitue également un retour à la nature. Il existe dans le judaïsme trois fêtes appelées « fêtes de pèlerinage » : Pessa’h – la Pâque ; Souccoth – les Cabanes ; et Chavouot – la Pentecôte (voir chapitres 24 et 25). Chacune a un rapport avec l’agriculture : semailles et moissons. Tout au long de l’histoire de la Diaspora, où les Juifs ne possédaient pas de terre, ce rapport à la terre et à la nature a souvent inévitablement été occulté : ce n’est pas le cas à Souccoth, où l’on vit une partie du temps en dehors de sa maison et où l’on pratique divers rites liés à la nature. Souccoth porte deux autres noms : H’ag ha-Assif – fête des récoltes et Zeman Simh’ateinou – le temps de notre joie. À bien des égards, c’est la fête la plus joyeuse du calendrier religieux avec Pourim (voir chapitre 23), sauf qu’elle dure sept jours et non un seul jour. Souccoth commence à la pleine lune du mois de Tichri, cinq jours après Yom Kippour (voir chapitre 19) et une demi-année exactement après la Pâque (voir chapitre 24). À cette fête viennent s’ajouter deux autres fêtes (voir plus loin dans ce chapitre), ce qui fait que les festivités durent selon qu’on est en Israël ou dans la Diaspora, huit ou neuf jours. C’est à Souccoth que le roi Salomon consacra le premier Temple de Jérusalem (voir chapitre 11). C’était déjà une fête très populaire. C’est à Souccoth que le rapport avec la terre d’Israël est le plus fort. À la synagogue, on y prie longuement pour la pluie, source de bénédiction. Comme à chaque fête, les prières synagogales sont importantes. Elles comportent quelques particularités. On y lit le livre de l’Ecclésiaste et on y pratique un rite spécifique : les Quatre Espèces (voir plus loin). Cependant, à Souccoth, la synagogue est détrônée au bénéfice d’un autre lieu consacré : la souccah. La souccah : une cabane et trois leçons Selon la Bible, pendant les quarante années de la traversée du désert, les Hébreux s’abritaient du soleil en construisant des cabanes dont le toit était fait de feuillages : en hébreu, une souccah (pluriel : des souccoth). En souvenir de cet événement, la Torah prescrivit à leurs descendants le commandement suivant : « Vous habiterez des souccoth sept jours durant, afin que vos descendants sachent que c’est dans des souccoth que J’ai fait habiter leurs ancêtres après les avoir fait sortir d’Égypte. » C’est pourquoi, après Yom Kippour, chaque famille est tenue de construire une souccah à l’extérieur de la maison, soit dans un jardin, soit dans la cour, sur une terrasse ou sur un balcon. On y prend tous ses repas et en principe, on y dort également. Ce rite a une triple signification. D’une part, il rappelle les conditions dans lesquelles vécurent les Hébreux durant l’Exode ; d’autre part, en plaçant l’homme dans les conditions précaires d’une habitation au toit de feuillages, il symbolise la fragilité de l’existence. Enfin, en vivant à ciel ouvert, il rappelle à l’homme qu’il est placé sous la protection divine et l’engage à mettre sa foi en Dieu seul. La construction de cette cabane obéit à des règles complexes. a) Il faut quatre côtés, en général quatre tentures. L’un des côtés peut être un mur de la maison. Les parois doivent être assez solides pour résister à un vent violent. Naturellement, il faut prévoir une entrée. Certains construisent une porte, voire même des fenêtres. b) Le toit doit être exclusivement constitué de matières végétales : branches, bambou, bois, feuillages. Il doit aussi permettre de voir les étoiles tout en donnant de l’ombre. c) La coutume veut que l’on décore sa souccah en accrochant des fruits au toit et des posters aux tentures. La souccah doit être assez spacieuse pour que la famille et les amis puissent y prendre leurs repas. Avant chaque repas, outre les bénédictions habituelles sur le pain, le vin et les autres mets, on ajoute une prière particulière : Barouh’ atah Adonaï, Elohenou Meleh’ haolam, asher kideshanou bemitzvotav vetzivanou leycheyv ba-souccah. « Béni sois-Tu, Éternel notre Dieu, Roi de l’univers, qui nous a sanctifiés par Tes commandements et nous a ordonné de séjourner dans la souccah. » Quatre plantes et six directions La fête de Souccoth – prendre ses repas dans une cabane – n’a pas d’équivalent dans les autres religions. Construire une souccah et y vivre est évidemment le rite le plus spectaculaire de cette festivité. Il en est un second, non moins original : agiter quatre espèces naturelles – trois plantes et un fruit – aux quatre directions de l’espace. C’est le rite des Arba Minim : « les quatre espèces ». Il s’agit : a) d’une branche de palmier, le loulav ; b) de deux branches de saule ; c) de trois branches de myrte ; d) d’un cédrat : c’est le fruit d’un arbre appelé cédratier : l’etrog. Il ressemble à un citron et possède un très bon parfum. Les trois plantes sont tenues ensemble dans la main droite, l’etrog dans la main gauche ; on joint les deux mains et les quatre espèces sont agitées successivement dans les six directions de l’espace : le haut, le bas, l’est, l’ouest, le sud et le nord. C’est une manière de dire que Dieu règne dans tout l’univers, chaque espace ayant une signification symbolique. L’est, où le soleil se lève, symbolise tout ce qui s’éveille et tout particulièrement la naissance de la lumière. Le nord, c’est la direction de la froideur et de la rationalité. L’ouest, direction du soleil couchant, symbolise ce qui a été accompli. Le sud est la direction de la chaleur et de l’émotion. La direction du ciel, c’est celle des rêves, des visions et de la spiritualité. La direction du sol représente le rapport à la terre et aux hommes qui la peuplent. En outre, les rabbins ont proposé toutes sortes d’interprétations de ces quatre espèces. Les deux les plus courantes voient dans ces quatre espèces tout d’abord une représentation du corps humain. La tige de palmier est allongée et droite comme notre colonne vertébrale. L’etrog ressemble au cœur, les feuilles de saule ressemblent aux lèvres, et les feuilles de myrte ressemblent aux yeux. Ainsi, quand on utilise ces quatre plantes, c’est comme si le corps entier participait au rite. Dans la seconde interprétation, les quatre espèces représentent la variété de la société humaine. Il y a quatre sortes de personnalités. Certains hommes ont une bonté naturelle et sont capables de la communiquer aux autres. C’est le symbolisme de l’etrog. Il a à la fois bon goût et bonne odeur. Le loulav – le palmier – porte des dattes. Elles ont bon goût ; elles n’ont pas d’odeur. C’est le symbole de l’homme vertueux mais qui ne communique pas avec autrui. Le myrte sent bon mais n’a pas de goût. Il représente les personnes qui accomplissent leurs obligations envers Dieu mais pas envers les hommes. Enfin, le saule qui n’a ni goût ni odeur, c’est le mécréant qui n’est fidèle ni à ses devoirs envers Dieu ni à ses obligations envers les hommes. À quoi vous attendre quand vous êtes attendu Souccoth est, avec la Pâque juive et, bien entendu, chaque semaine, le shabbat, la fête la plus conviviale. Les familles sont toujours heureuses de vous recevoir et de montrer avec quelle imagination elles ont décoré leur souccah. Si vous avez des voisins juifs, ils ne manqueront pas de vous recevoir. Partagez leur repas. Si vous apportez un bon dessert, il sera toujours apprécié. La grande procession Le dernier jour de Souccoth porte un nom particulier : Hoshana Rabba. Hoshana, en français Hosana, est un terme de la liturgie juive, emprunté aux Psaumes, qui signifie « sauve-nous, de grâce ». Pendant les sept jours de la fête, les fidèles à la synagogue faisaient une procession en tenant à la main les quatre espèces et en scandant « Hoshana ». Cette invocation concerne essentiellement les pluies d’automne. Au cours d’une prière spéciale – Gueshème, la pluie – , on souhaite l’ouverture rapide des vannes célestes. Le septième jour, on procède solennellement à sept processions, d’où le nom de la fête : « la grande Hosana ». Selon une tradition mystique, le verdict de Kippour pourrait encore être remis en question ce jour-là, d’où l’importance des prières qu’on y adresse à Dieu. Il est également de tradition d’étudier depuis la veille au soir jusqu’au matin. Danser avec la Torah Souccoth s’achève par une fête de clôture appelée Chemini Atzeret (clôture du huitième jour). Dans la Bible, cette fête est simplement nommée et ne semble pas avoir de signification particulière. Cependant, un commentaire