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Les dialogues qu’on dit socratiques sont les textes de Platon où Socrate joue le plus grand rôle. À ma connaissance, ils fonctionnent tous en suivant la même structure : 1. Le dialogue met en scène un certain nombre de citoyens athéniens, parmi lesquels on trouve souvent un personnage célèbre de l’époque, dont l’existence historique a depuis été avérée. L’un de ces citoyens a un problème pratique qu’il a du mal à résoudre. Il demande l’aide de certains de ses concitoyens et (éventuellement) de Socrate. 2. Socrate discute avec les gens présents et les amène à s’éloigner graduellement du problème pratique issu du cas particulier qui les intéressait pour finalement concentrer plutôt leur attention sur une question philosophique à laquelle il serait nécessaire de répondre pour pouvoir ensuite réfléchir de manière rationnelle au problème pratique. Une fois la question philosophique formulée, Socrate se place dans la position de l’ignorance simple et adresse la question à ses interlocuteurs, abandonnant son rôle d’interrogé pour devenir interrogateur. 3. L’un des interlocuteurs propose une réponse qu’il croit évidente. Les premières idées lancées le sont souvent spontanément, sans que l’interrogé se soit beaucoup donné la peine de réfléchir. La réponse est basée sur des expériences sensibles très limitées ou sur des préjugés qui n’ont encore jamais été remis en question. 4. Socrate examine la définition, en mentionne les qualités, mais en fait ressortir les faiblesses en proposant des contre-exemples1. Les exemples qu’il donne font habituellement appel à l’expérience concrète et quotidienne des participants. Ils sont choisis spécifiquement pour interpeller les interlocuteurs. 5. En général, tout le monde se rend compte que l’idée proposée n’est pas valable. 2 On la rejette alors, puis Socrate reformule la question, en se servant de ce qui a été appris par le biais de ce qui précède et la soumet à nouveau à son interlocuteur. 6. L’un des interlocuteurs propose une réponse. (Il peut s’agir de la même personne que précédemment ou de quelqu’un de nouveau). 7. Socrate examine la définition, en mentionne les qualités, mais en fait ressortir les faiblesses en proposant des contre-exemples. 8. On se rend compte que l’idée proposée n’est pas valable, on la rejette et Socrate reformule la question en se servant de ce qui a été appris. 9. ETC. 10. La discussion s’achève sans qu’on ait réussi à trouver une réponse satisfaisante à la question philosophique mise de l’avant par Socrate. À ce point, soit on se promet de continuer de chercher la réponse, soit l’interlocuteur se fâche et rompt la discussion. On donne le nom de dialogue aporétique à ces dialogues qui se terminent sans qu’on ait trouvé une réponse à la question soulevée ou sans qu’on ait réussi à résoudre le problème sur lequel on réfléchissait. Une aporie, c’est en effet « une difficulté d’ordre rationnel paraissant sans issue ».3 Toutefois, il arrive souvent que le problème ne soit pas si sans issue qu’il n’y paraît au premier abord. Remarque sur la méthode socratique Quand Socrate procède de la manière décrite ci-haut, il pratique la maïeutique (le sous-titre du Lachès est d’ailleurs « Dialogue maïeutique »). Le mot « maïeutique » vient de « Maïa », une divinité qui préside aux accouchements dans la mythologie grecque ancienne. Quand Socrate pratique la maïeutique, il reprend à son compte le métier de sa mère, qui était sage-femme. La sage-femme aide la mère à faire sortir son enfant de son corps, de façon à ce qu’elle puisse ensuite le tenir dans ses bras et le contempler à la lumière du jour. Socrate, de façon semblable, accouche les esprits : il aide son interlocuteur à mettre au jour son idée, de façon à pouvoir la contempler de l’extérieur et à vérifier, à la lumière de sa raison, si elle est viable ou non.