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Il est cependant possible de sortir du cycle des renaissances et d’échapper, d’une certaine façon, à cette éternité cyclique, qui est, rappelons-le, source de souffrances. Le parinirvâna ou la mort finale Dans le Sermon de Bénarès, le Bouddha exprime l’idée qu’il est possible de cesser la douleur (troisième Vérité) et qu’il existe un sentier (magga) qui le permet (quatrième Vérité). Cette voie représente le bouddhisme même. Grâce à cette dernière voie, il est possible de se libérer de la douleur, dont le seul moyen est de se délivrer du samsâra. Le bouddhisme propose l’existence d’un salut, qui est au-delà de la logique de rétribution des actes. Le nirvâna est ce salut. Celui-ci peut se décrire comme l’extinction des désirs et comme totalement inconditionné. Selon Bernard Faure, autre éminent spécialiste du bouddhisme, cet « état » est possible grâce à un abandon radical de tous les actes, car « qu’une action soit bonne ou mauvaise, elle est nocive dans la mesure où elle prolonge le cycle des renaissances » (1994 : 43). L’accès au nirvâna permet de se déjouer de Mâra, le dieu de la mort et du désir. Cependant, une fois libéré, le bouddha – titre donné à celui ou celle qui atteint l’Éveil – n’a qu’une dernière attache dont il devra se délivrer : son corps. Le bouddha doit donc mourir une dernière fois, pour ainsi atteindre l’extinction finale qu’est le parinirvâna. Lors de cette dernière mort de l’éveillé, tout élément de dépendance n’est plus. Les agrégats qui composent l’être ne sont plus et le bouddha ne renait plus nulle part. Cependant, le parinirvâna est en soi mystérieux, car il n’y a aucune source écrite du premier Bouddha historique (Siddhartha Gautama) qui définit à proprement ce dont il s’agit. Comme le souligne Paul Magnin, dans son livre Le bouddhisme, unité et diversité : expériences de libération : [Le bouddhisme] renonce à se construire, ou au mieux à se forger une représentation de l’au-delà dans un état définitif; il va au bout de sa logique et reconnaît que tout discours est en soi une particularisation et une différenciation. En conséquence, tout ce qui est dit du parinirvâna et de l’état dans lequel est entré le Bouddha ne peut être qu’analogique, donc particulier, alors que l’un et l’autre appartiennent à l’indicible (2003 : 183). Bien qu’il soit impossible de parler de sa nature, le parinirvâna est en quelque sorte la dernière mort possible. Pour cela, il faut se détacher de tout désir et ainsi « atteindre » le nirvâna. Malgré la possibilité de mourir une dernière fois, il est difficile de savoir s’il y a un quelconque état éternel à sa suite. Le caractère indicible du parinirvâna provient du fait que personne n’est revenu de cette expérience pour nous en parler. Si tel était le cas, l’extinction des désirs ne pourrait avoir réellement lieu, puisque le retour à la vie serait l’effet du désir. Revenir informer les hommes serait en quelque sorte contradictoire avec l’enseignement de l’extinction des désirs, puisque ce retour sur Terre pour nous enseigner la nature du parinirvâna serait aussi dû à un retour des désirs. Rituels funéraires bouddhiques Dans le bouddhisme, les rites funéraires servent aux vivants afin de manifester leur sympathie et leur attachement aux morts. Ils servent aussi à se débarrasser de ces attachements en question. Les rituels mortuaires bouddhiques prennent héritage dans l’hindouisme. Des dix premiers jours du rituel hindou – qui consiste à faire l’offrande d’une boule de riz au défunt –, le bouddhisme les allongera à quaranteneuf (c’est-à-dire sept semaines). Cette phase liminaire varie selon les textes bouddhiques et les contextes. Le Livre des morts tibétain, utilisé au Tibet, est un bon exemple de variation de contexte et d’utilisation de texte particulier. Pour les laïques, ils sont ordonnés moines ou nonnes de manière symbolique avant les funérailles. Il y a ensuite une récitation de noms du Bouddha ainsi que les mérites des défunts. De telles activités post mortem ont pour but de favoriser le karma du défunt. Au 33e et parfois au 50e anniversaire du décès, il y a une cérémonie de commémoration. Les corps sont habituellement incinérés, car le feu est considéré comme purificateur et comme source d’une meilleure naissance. Cette pratique remonterait avant même l’existence du bouddhisme ou de l’hindouisme, mais elle aurait été choisie par le Bouddha lorsqu’il était près de mourir. Après la crémation, les os sont ramassés et laissés au temple pendant les 49 jours de la période liminaire, puis ils sont enterrés. D’autres rites utilisent le feu. Par exemple, des petits objets de papier peuvent être brulés afin de subvenir aux besoins matériels du mort dans le monde invisible. Stupa – monument commémoratif ou reliquaire originaire de l’Inde – et icônes peuvent être érigés dans le but de garder un lien avec les morts ou le Bouddha. Bien des cultures bouddhiques vont également entretenir un culte des ancêtres. En Chine, ce culte comprend trois éléments : les rites funéraires, le deuil de trois ans et les sacrifices ultérieurs sur l’autel domestique qui est réservé à l’usage du culte. Au Japon, on retrouve aussi un autel domestique où se trouvent des objets cultuels comme des statues bouddhiques et des photos du ou des défunts. Il n’est pas rare aujourd’hui de voir des autels vidéo. Le Shanti Stupa dans la ville de Leh, au nord de l’Inde, érigé dans les années 1980. Il fut inauguré par le Dalai Lama en 1985. | Photo : Kondephy – Licence Creative Commons BY-SA Outre les rituels funéraires, certaines fêtes célèbrent la mort du Bouddha. La naissance, l’illumination et la mort du Bouddha sont ainsi célébrées simultanément au cours de la fête de Vesak, ou Visakha Puja. Il s’agit de l’une des plus importantes du bouddhisme Theravada. Quant aux bouddhistes mahāyānistes, ils commémorent la mort du Bouddha lors de ce qu’on appelle parfois le Jour du nirvāna, qui se déroule annuellement au mois de février. Synthèse Pour les bouddhistes, la vie et la mort ne sont que souffrances. Contrairement à d’autres religions où la mort met un terme à la vie et ouvre la voie vers un état éternel (paradis ou enfer), la mort est considérée comme une expérience multiple. On vit et meurt plusieurs fois, et ce, de manière infinie. Ainsi, l’existence n’est qu’un éternel recommencement imprégné dans un état constant de douleur. Les actions entreprises lors d’une vie influencent les prochaines. Il est possible d’accéder à un état plus agréable, comme celui de dieu, ou d’accéder à un état désagréable, comme celui d’une vie animale ou d’une vie de torture en enfer. Ce qui subsiste n’est pas une âme, ni une identité, mais une sorte d’impulsion ou de conscience intimement liée avec ce qui aura été réalisé dans le passé. Le « Soi » n’est qu’une projection mentale éphémère. Cette compréhension de l’existence s’inscrit dans une vision du monde cyclique, qu’on appelle le samsâra. Le bouddhisme représente la seule voie de délivrance de ce cycle des transmigrations. Par ses enseignements, il est possible d’expérimenter le nirvâna, l’extinction des désirs. Cependant, le nirvâna n’est pas ce qui permet officiellement l’arrachement total du samsâra. L’éveillé doit mourir une dernière fois afin d’expérimenter le parinirvâna, état indicible puisque personne en est revenu officiellement pour nous expliquer son expérience. Ainsi, pour s’enfuir complètement du risque de renaître, le bouddha doit mourir afin de se défaire d’une dernière attache, son corps. Le nirvâna n’est pas donc pas garant de cette libération. De plus, les rites funéraires servent, entre autres, à rendre un dernier hommage aux défunts, et se défaire soi-même de l’attachement que nous avons envers eux.